La leptospirose
La leptospirose est une zoonose largement répandue dans le monde, due à la bactérie Leptospira interrogans. Ses principaux réservoirs sont les rongeurs, en particulier les rats, qui excrètent la bactérie dans les urines. Les leptospires se maintiennent assez facilement dans le milieu extérieur (eau douce, sols boueux), ce qui favorise la contamination. La maladie chez l’homme bien que souvent bénigne peut cependant être sévère, pouvant conduire à l’insuffisance rénale, voire à la mort dans 3 à 5% des cas.Épidémiologie
C’est une maladie de répartition mondiale, à dominante tropicale, qui touche en France quelque 300 personnes chaque année, soit une incidence annuelle de 0,4 à 0,5/100 000 habitants. A titre de comparaison, aux Etats-Unis, l’incidence est de 0,02 cas pour 100 000 habitants mais elle peut au contraire être jusqu’à 100 ou 1000 fois plus élevée dans les régions tropicales, comme les DOM-TOM (Nouvelle Calédonie particulièrement), et surtout l’Asie du Sud-Est. Même en métropole, son incidence a varié en 2005 de 0,1 par 100 000 habitants en région PACA ou 0,2/100 000 en Languedoc Roussillon à 0.4/100 000 en Aquitaine, 1/100 000 en Basse-Normandie et 1.4/100 000 en Champagne-Ardennes .
La saisonnalité de la maladie est très marquée, avec une recrudescence estivo-automnale observée chaque année en France métropolitaine.
Certaines professions (agriculteurs, éleveurs, égoutiers, éboueurs…) mais surtout les personnes pratiquant des loisirs nautiques (baignade, canoé, kayak, pêche, chasse, canyonning…) sont particulièrement à risque. Le réservoir est essentiellement animal et outre les rongeurs, les bovins, dont l’infection est fréquente (et entraîne des pertes économiques importantes), disséminent également des leptospires par voie urinaire. Les troupeaux infectés s’auto-contaminent à partir de quelques individus porteurs. En fait, l’ensemble du spectre animal est touché et l’épidémiologie varie d’une zone géographique à l’autre selon l’écosystème et les conditions de vie des habitants.Symptômes
L’incubation dure de 4 à 14 jours. De nombreuses formes cliniques, allant du syndrome grippal à l’atteinte multiviscérale avec syndrome hémorragique sont décrites. Mais l’atteinte rénale est une des caractéristiques prédominantes quelle que soit la sévérité. Dans la forme modérée, la maladie débute par une fièvre élevée avec frissons, maux de têtes, douleurs musculaires et douleurs articulaires diffuses. Elle peut évoluer souvent vers une atteinte rénale, une atteinte hépatique, une atteinte pulmonaire, un syndrome méningé et dans 20% des cas un syndrome hémorragique. Les formes graves (forme ictéro-hémorragique ou maladie de Weil) associent insuffisance rénale aiguë, atteinte neurologique (convulsions, coma) et des hémorragies plus ou moins sévères (pulmonaire, digestive). La convalescence est longue, mais généralement sans séquelles. La mortalité peut atteindre 5% des cas. Des complications oculaires (uvéite, kératite) tardives peuvent survenir.
Le diagnostic peut être confirmé par culture ou mieux, par amplification génique lors de la première semaine de maladie suivant l’apparition de la fièvre, ou par sérologie à partir de la deuxième semaine de maladie. De plus, la sérologie n’a aucune indication en l’absence de signes cliniques, notamment pendant la phase d’incubation.Traitement et prévention
Le traitement des formes graves nécessite une hospitalisation. Il repose sur la réanimation médicale et l’administration d’antibiotiques (pénicilline G, amoxicilline) le plus tôt possible, qui diminue le risque de complication, raccourcit l’évolution, atténue la symptomatologie, et diminue la durée du portage rénal. Pour la prévention, les mesures de lutte collective basées sur la dératisation, le contrôle des effluents des élevages industriels, le drainage des zones inondées seraient efficaces mais difficiles à mettre en œuvre. Un vaccin humain, monovalent, est proposé en France uniquement aux travailleurs très exposés (égoutiers, éboueurs). Un vaccin bivalent pour les chiens est très largement utilisé en France.
A l’Institut Pasteur
Des recherches fondamentales sur Leptospira sont menées dans dans le Laboratoire des Spirochètes, qui héberge également le Centre National de Référence des Leptospiroses et le Centre Collaborateur F.A.O./O.M.S. pour l’épidémiologie de la Leptospirose. Une méthode d’identification rapide des 80 variétés de Leptospira interrogans par PCR vient d’être proposée.
L’Institut Pasteur est une fondation privée à but non lucratif dédiée à la recherche biomédicale, à la santé publique et à l’enseignement. Près de 2600 personnes travaillent sur son campus à Paris, où une grande partie des recherches est axée sur les maladies infectieuses. Son budget dépend de la générosité du public : pour aider la recherche à l’Institut Pasteur, consultez nos pages « dons et legs ».
source: http://www.pasteur.fr/